Un poème de Farida Khelfa, écrit en verlan et corrigé par Jean Paul Goude, son compagnon de l’époque.
Années 80, marquées par la rencontre de ces deux-là, cherchant à mettre en évidence « l’émergence de la culture beur » : « Le style Beur » est un sujet que j’ai choisi de développer dans le n°0 du supplément du Monde dont j’étais à l’époque le D.A. Inspiré par Farida avec qui je vivais un grand amour, l’article prenait comme paramètre un phénomène émergent que nous avions intitulé « Le style Beur » et qui allait se concrétiser peu après par la « Marche des Beurs ». L’article qui présentait sur une vingtaine de pages tous les héros de cet épiphénomène me donnait l’opportunité de faire l’apologie de ma nouvelle héroïne et par conséquent de briller à ses yeux. « La femme au nez coupé » par contre est basé sur une histoire vraie, qui devait servir de fil conducteur à un projet d’opéra quelque peu grandiloquent. La chose ne s’étant jamais faite, je me suis rabattu sur un copain à moi, Dieter Meier du groupe Yello, pour aider Farida à transformer son poème en chanson; mais c’était sans compter sur l’arrogance de Dieter et le mauvais caractère de Farida. Encore un projet qui est tombé à l’eau. Seul reste ce poème étonnant qui n’a pas pris une ride. » (Jean Paul Goude)
« Pourquoi lui couper le nez ?
C’est zarbi comme idée !
Parce qu’elle l’avait trompé ?
J’en suis pas persuadée !
Tromper un beur
C’est lui arracher l’cœur
En général
On en meurt
C’est une question d’honneur
Trompé par un fromage
Ya d’quoi s’pécho la rage
S’conduire comme un sauvage
A cause de son entourage ?
C’est un beur
On lui a arraché le cœur
Et c’est l’honneur
Qui guide son bras vengeur
Quelle horreur
Il lui a coupé le nez
Pour l’avoir trop aimée !
Quoique- une très bonne idée
Pour s’faire refaire le nez,
Sans vraiment y penser
Il l’a beaucoup aidée.
C’est un beur
C’est une question d’honneur.
Maintenant elle est maquée,
Et elle est bourrée d’blé,
La femme au nez coupé
Est blonde décolorée,
Avec son nouveau nez
Et Maurice du Sentier
Ils se sont installés
Loin des minorités.
Elle lui a pardonné.
C’est un beur
C’est une question d’honneur. »
Farida Khelfa
55 Quai de Valmy
75010 Paris
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