mercredi 19 janvier 2011

Le vendeur roumain, ce mal-aimé


Des certitudes, j’en ai rarement. Le doute me plaît car, même s’il n’est pas l’état le plus confortable, me permet de me questionner, donc d’avancer. Mais je suis certaine que les soldes ne sont pas pour les âmes sensibles. Car les soldes, comme toute vente, nous opposent à ce mal-aimé, le VENDEUR.

Il existe peut être sur cette terre des pays riches, qui fonctionnent comme une montre suisse.  Mais des aventures comme en Roumanie, on ne retrouve nulle part ailleurs. Je propose une initiative touristique pour les riches ennuyés, qui n’ont pas d’autres choses à faire que de gaspiller leur argent sur des voyages dans l’espace. A l’appui, l'Américain Dennis Tito a passé 7 jours, 22 heures et 4 minutes dans l'espace, devenant ainsi le premier véritable spationaute pour un prix modique de... 20 millions de dollars. Pourquoi choisir cela quand ils auraient la chance de vivre des sensations uniques à Bucarest, capitale de l'adrénaline? Pour beaucoup moins de pognon. Par exemple, si tu veux acheter quelque chose à Paris, tout se passe en douceur. Choisir-payer-partir, voici le schéma. Rien de très intéressant. Alors que chez nous, le shopping est réservé aux audacieux. Dû au facteur humain.

 Il existe plusieurs typologies du vendeur. Tu peux tomber sur le vendeur de mauvaise humeur, qui n’est pas content de te voir. Et qui te le montre, surtout. Cette impression que la marchandise lui appartient et que, peut être, il n’a même pas envie de te la vendre. Quand t'étudies une robe, une jupe, n’importe quel produit, pour voir la texture etc, tu sens le regard du mal-aimé, que t’interprètes ainsi « Tu sais quoi, si tu ne l’achètes pas, je vais t’exploser la gueule. » Tu n’as même pas le temps de le remettre sur l’étagère que lui, il le fait à ta place. Passage inaperçu, dirais-je. Ou, pire (et je ne vous parle que des cas concrets), il nettoie un peu la poussière imaginaire d’en dessous.

Aussi bien, peux-tu tomber sur le vendeur excessivement aimable, qui te suit avec son petit air de criminel en série ayant repéré sa victime. Il veut te faire du bien malgré toi. C’est normal d’avoir peur de ça aussi. Nous retrouvons donc une anomalie : toi, acheteur, essayes de te perdre dans le magasin, de ne jamais le solliciter, mais lui – il est agile, tu ne lui échapperas pas. Toutefois, cette situation n’est pas la pire. La hideuse est celle où tu fais tes premiers pas dans un magasin avec le sentiment d’avoir violé l’intimité du vendeur. Comme si t’étais sur son domaine, que tu n’avais pas essuyé tes pieds et qu’en plus, tu veux rentrer chez toi avec des choses qui sont les siennes! Voyez-vous, la perversité est énorme.


Beaucoup de bons d’achat rempliront nos porte –monnaies jusqu’à atteindre l’équilibre entre le vendeur-je-veux-tout-te-donner et celui get-the-fuck-out.

Ce qui m’inquiète le plus, c’est que tout ça incite à la violence. Le client découvre des facettes qu’il ignorait : une envie soudaine de détruire des articles, pour ensuite faire l’innocent et présenter ses mille excuses. C’est pas mal, comme stratégie.



Je vous laisse, je file aux Halles pour essayer ça : voyons les nouveautés, voyons le personnel etc. Je m’approche, nonchalante, décontractée. Parce que je sais que je ne cherche rien. Donc je sais qu’ils ne pourraient pas m’humilier car je ne serai pas frustrée de ne pas me permettre tel ou tel produit.  Et là, je deviens maître de la situation. Uniquement en ce moment –là, une lutte commence. Que le meilleur gagne, donc MOI.

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