Prendre le bus, c’est un de mes passe-temps favoris. Surtout qu’à Bucarest, c’est la chose la plus excitante que l’on puise faire habillé.
J’ai été à Kehl, donc présence incontournable dans le bus 21. Comme d’habitude, des visages plus expressifs les uns que les autres, un diaporama humain avec ses micro-univers, plusieurs langues, plusieurs couleurs de peau. Pour la créature en quête de diversité que je suis, c’est un service rendu. Les gens parlent cuisine, manières, sentiments. C’est donc une source d’inspiration pour moi.
J’aime surtout regarder les autres pendant qu’ils mangent, qu’ils cherchent une place, qu’ils grondent les petits ou qu’ils sont dans leurs pensées, équipés d’un MP3. J’ai vu une très belle femme d’origine arabe, avec ses 3 enfants : 2 filles et un tout petit garçon. Elle était derrière avec une poussette, alors que les petits (je dirais 8 ans, 5 ans et 3 pour le mioche) jouaient tout devant. Voilée, les sourcils bien épilés, la peau mate, sans aucune trace de maquillage, cette femme représenta pour moi, en ce moment de contemplation, la beauté parfaite. Elle avait surtout un regard intelligent et une douceur qui ensoleillé son visage, certainement due à sa qualité de mère. Ce qui m’a interpellée le plus furent les mots de l’aînée envers le petit « Samir, nous mangeons en Allemagne. Tu vas manger proprement, avec la fourchette. » Je vous rappelle qu’elle n’avait pas plus de 8 ans, faire preuve d’un tel reflexe et d’une certaine responsabilité vis-à-vis de ses frères me beaucoup plut. Très belle famille, selon ma définition.
J’apprends ensuite que les dames à ma droite aiment les épices « Yo, ich kaufte petit piment also » (je ne sais pas si c’est correct, mais je transcris ce que j’ai entendu). Mes yeux deviennent ensuite prisonniers d’une jolie allemande, avec des béquilles Paul Schulze. Le look de son partenaire me rassure que Bob Marley n’est pas mort. Tant mieux, Damian sera content aussi.
Vous comprenez que je me plais assez dans les bus français (si pas pris après 23h, à destination Neuhof Rodolphe Reuss). Ce qui n’est pas forcément le cas à Bucarest, dans le 47 par exemple. Tout ça dû à « babele » (lire babélé) et « mosii » (lire moshi) qui te font la vie un calvaire. Ce sont les personnes âgées, que tu crois toutes inoffensives, avec une petite voix, toutes gentilles. Tu n’as même pas le temps de leur céder ta place (supposons que t’as l’intention de le faire), qu’elles hurlent dès qu’elles montent « Ces jeunes, mais c’est pas possible ! Quel manque de respect ! Mais qu’est-ce que tu fais assise là ? Suis-je transparente ? » Tu te lèves, en espérant que l’affaire soit close, une fois la place cédée. Guess what ? NON. Elle continue, la p’tite vieille « Regardez-la (je déteste cet appel aux témoins !), habillée avec cette robe courte, les lèvres rouges en plus ! Où va le monde ? Tu fais honte à ta famille ! » Bien sûr, mon éducation m’empêche de lui dire « Madame, la mort vous cherche à la maison et vous sortez faire du shopping ? ».
Donc, si vous allez en Roumanie, évitez le 47 ou bien armez vous d’un moral d’acier. Car même si vous ne compreniez pas la langue, vous seriez acteur d’une piètre comédie de boulevard. Les chauffeurs de bus sont fous, peu importe leur nationalité. Et comme mon voisin monté à Landsberg dit, « Ces fils de pute (les contrôleurs) sont partout. »
Magnifique !!! J'adore ton style d’écrivain. De plus, je me suis bien amusée tout a la fin quand t'as écrit de bus 47. C’était comme que j'ai revive ces moments.
RépondreSupprimerKeep going with your talent my sweet friend :*
Bravo :) tu décris ton ressenti a travers des petites expériences auxquelles personnes ne penserait .. belle diversité ...
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