La pluie connaît bien l’art de donner. J’aime son spectacle, sa chorégraphie. Mes yeux se régalent, mon nez (l’odeur de la terre- après-pluie), mes oreilles, mes pieds nus.
Je me trouve assez lâche dans notre relation, je m’explique. Ma plus grande joie est de la voir sur les vitres de la voiture, sur mes fenêtres, quand je suis à l’abri. Cette fichue obsession d’être à l’abri ! Comme ça, je profite de sa beauté, j’y retrouve mon compte, mais je ne donne rien en échange (car je ne quitte pas ma zone de confort). Injuste, trop.
Je lui reproche une seule chose : elle écoute plus ou moins à une saisonnalité, donc elle ne me garantit pas d’être là tout le temps ou bien quand j’en aurais envie. Injuste, aussi. Parce qu’elle m’inflige le manque, alors que je l’aime. Et « aimer c’est bien, mais il faut aussi qu’on vous aime quand vous voulez qu’on vous aime » (Karl). Ca c’est encore autre chose.
Emancipation de mon âme, en images et son (d’avoine, aidé par la pluie).
La pluie et l’émancipation de mon âme
RépondreSupprimerLa pluie, tout comme toi je l’aime… dans son cracha, comme dans sa folie diluvienne, dans sa douceur, comme dans sa violence. Je l’aime, parfois, je la boude, de temps en temps, je la déteste, rarement. Mais je l’admire, surtout. Je l’appelle et lui parle, je lui dis « viens », je lui dis « plus fort », je lui dis « arrête toi », je lui dis qu’elle est bonne pour la terre, pour les hommes, pour mon âme. Je tente de la dominer, - quand c’est le cas j’en suis fière -, mais c’est elle qui impacte le plus mes sens.
Quand ceux que j’aime ne la souhaite pas, ne la comprend pas, tout au fond de moi, j’espère qu’elle ne sera pas là. Je ne veux pas qu’elle se sente étrangère, mal aimée, voir même qu’on la maudisse. J’appelle le soleil et l’espère. Le soleil, son alter, son opposé, son complément. Le soleil brûle, la pluie rafraîchie. Et de leur rassemblement naît une courbe de couleur, l’enfantement d’un dégradé de bonheur, un toboggan, une montagne russe, un arc bien tendu, étendu, suspendu en l’air et raccordé au sol. L’air se prête au jeu de l’amour entre la pluie et le soleil. Il prend forme et couleur, il se matérialise.
J’aime la pluie, j’aime l’eau, j’aime le raccord entre le ciel et la mer que permet la pluie. La pluie, lien entre le ciel et la terre. Elle est transversale, elle détruit la hiérarchie, née de l’absorption, déplacée en suspension, bousculée et retransmise dans sa descente. Verticalité, horizontalité, transversalité. Neutron libre, me voilà captivée par les éléments de la vie.
Comme dit, j’ai continué ma réflexion pendant la pause déjeuner, en essayant de mêler banal et solennel. J’ai cumulé plusieurs approches de la pluie :
RépondreSupprimerApproche-pas comme l’alter : j’ai tellement entendu mon père au volant « Oh, il pleut, ça m’énerve, nous aurions du retard ! » que j’ai instantanément voulu aimer la pluie. Le mimétisme m’ennuie. Et j’en avais marre des retards.
Approche- super tante : Alexia, petite merveille, a pleur de la pluie. Je lui invente des histoires comme quoi je suis capable de l’arrêter. Si on ne sait pas impressionner autrement, on ment. Mais ça c’est encore un autre débat.
Approche - catalyseur : La pluie stimule mon intelligence en élargissant mon champ d’action. Me fait prévoir un plan B « S’il pleut, on ira là, on fera ça. »
Approche rebelle : T’as vu son sacré caractère ? Ne demande même pas si nous voulons d’elle. Je ne sais pas si tu la domptes souvent, mais je n’y arrive que de manière exceptionnelle. Quand elle triche pour que je gagne, en fait. Mais toute sa beauté puise dans l’insolence. Je me retrouve sincèrement sans bouclier.
J’ai aussi le « don » de perdre des parapluies, c’est un complot de l’univers : même si je le voulais, je ne pourrais pas me protéger.
La pluie est, à chaque fois, une apparition dans ma vie. J’appelle Dieu, mon revendeur habituel, je veux me procurer dès à présent ma recharge.